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RSE - Comment mettre le pied à l'étrier ?

Ecrit par
Pierre Poirmeur
Publié le
June 20, 2023

Vos clients vous demandent d’avoir un système de management RSE mieux établi, mais vous ne savez pas par où commencer ? Cette boîte à outil vous donnera toutes les clés pour y voir plus clair.

I - Etat des lieux

Avant de se lancer corps et âme dans des actions qui vous semblent pertinentes, il est nécessaire de faire un diagnostic du niveau de maturité et des “performances” de votre entreprise sur le sujet.

1. Réaliser une matrice de matérialité

Selon la norme AA100, qui fait référence en matière de consultation des parties prenantes, l’analyse de matérialité est une méthodologie qui vise à déterminer la pertinence et la portée d’un enjeu RSE.

Illustrée par la matrice de matérialité, celle-ci a pour objectif de mettre en évidence les enjeux RSE les plus importants pour les parties prenantes internes et externes à l’entreprise.

Elle peut se matérialiser de la manière suivante :

Matrice de matérialité de Beavr, mettant en relief l'importance pour les parties prenantes externes d'un côté et les parties prenantes internes de l'autre. Les données englobent l'éthique commerciale, la santé et la sécurité, ainsi que la gestion des émissions de gaz à effet de serre, entre autres.
Matrice de matérialité de Beavr, mettant en relief l'importance pour les parties prenantes externes d'un côté et les parties prenantes internes de l'autre. Les données englobent l'éthique commerciale, la santé et la sécurité, ainsi que la gestion des émissions de gaz à effet de serre, entre autres.

En mettant en lumière les enjeux RSE prioritaires de l’organisation, elle permet d’ensuite prioriser les actions à mettre en place et de déterminer les indicateurs à suivre pour mesurer les progrès de l’entreprise. De ce fait, la matrice de matérialité sert de socle à la mise en place d’une stratégie RSE.

2. Faire un diagnostic complet avec le BIA de B Corp:

B Corp est l’un des labels RSE généralistes les plus réputés, mais également l’un des plus exigeants. Les entreprises qui souhaitent obtenir le précieux label doivent tout d’abord compléter le B impact assessment, un outil de diagnostic et d’évaluation de leurs pratiques en matière de durabilité, puis voir leurs réponses auditées par un expert agréé. Seules les entreprises obtenant un score final de plus de 80 points obtiennent le statut de B Corp.

Par le biais d’un peu plus de 200 questions, le BIA traite 5 grandes catégories : la gouvernance, les collaborateurs et collaboratrices, la collectivité, l’environnement et les clients. Il existe plus de 60 versions du BIA, selon le secteur et la taille de l’entreprise.

En créant gratuitement votre compte sur le site B Impact assessment, et en répondant au questionnaire en faisant état des pratiques de votre organisation, vous serez en mesure d’identifier votre niveau global de maturité RSE (et notamment comment vous vous situez par rapport à la barre des 80 points), mais également d’identifier les forces et les faiblesses de votre organisation sur ces sujets.

‍II - Progresser sur des dimensions spécifiques ‍

Environnement

1. Sensibiliser ses équipes aux enjeux environnementaux et climatiques

La sensibilisation des salariés sur les enjeux environnementaux a pour conséquence un plus grand engagement des salariés sur le sujet.

Pour sensibiliser vos équipes sur ces sujets, deux options s’offrent à vous :

  • Créer une formation en interne.Nous vous recommandons de vous baser sur des sujets que vous maîtrisez ou bien vous semblant abordable à vulgariser.
  • Participer à une ou plusieurs formations ou ateliers reconnus sur ce sujet. Voici deux exemples d’ateliers de sensibilisation que vous pouvez mettre en place :‍

> La Fresque du Climat :

Basée sur les rapports du GIEC, la Fresque du Climat est un outil neutre qui a pour objectif de vulgariser le réchauffement climatique. Largement utilisée, celle-ci a déjà été déployée plus d’1 million de fois depuis sa création.

Sa force est d’être un jeu d’intelligence collective et non pas une formation dont la méthode serait “descendante”. Elle n’ a pas pour visée de donner des solutions, mais d’expliquer les causes et les conséquences du réchauffement climatique.

> L’atelier deux tonnes :

Cet atelier tient son nom de l’objectif à tenir, par habitant, pour respecter les Accords de Paris*, à savoir un maximum de deux tonnes d’équivalent CO2 par an et par habitant en 2050.

Cet atelier fournit des pistes de solutions pour atteindre cet objectif et est donc complémentaire à la Fresque du Climat, plus axée sur les relations de cause à effet du dérèglement climatique.

> La formation “B.A-B.A. du climat et de la biodiversité”:

Formation gratuite proposée par le CNED, celle-ci a été conçue par des experts du sujet Jean Jouzel, paléo-climatologue et Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du groupe du travail du GIEC. Composée de 5 modules durant chacun entre 1h et 1h30, cette formation intitulée le « B.A.B.A. du climat et de la biodiversité » traitera de la définition du changement climatique, les causes du changement climatique et solutions pour les atténuer, conséquences du changement climatique et solutions pour s’adapter, biodiversité, mais aussi choix collectifs et individuels pour atteindre la neutralité carbone.

2. Réaliser son inventaire d’émissions de gaz à effet de serre

Selon “Les principes de base de la comptabilité carbone” de Arnaud Brohé, “un inventaire des émissions de GES est un document listant et quantifiant les émissions pour une entité (État, collectivité, entreprise ou association) durant une période donnée (généralement une année) ou pour un produit à partir de l'analyse de son impact climatique tout au long de son cycle de vie (de la conception au traitement des déchets en fin de vie). Cet inventaire permet d'identifier les postes d'émissions et d'en déduire les plus importants afin d'aider l'entité qui le réalise à agir prioritairement sur ceux-ci”.  Une de ses applications est le bilan carbone*.*

Les inventaires d’émissions carbone se découpent en 3 périmètres, dit “scope”. Les scope 1 et 2 concernent les activités de l’entreprise. Le scope 3 quant à lui désigne les activités en amont et en aval de la chaîne de valeur, c'est-à-dire les activités des fournisseurs et des clients.

En France, un décret datant de juillet 2022, oblige toutes les entreprises de plus de 500 salariés à réaliser un bilan carbone de scope 3. Si elles ne la respectent pas, elle risque une amende de 10.000 € et 20.000 € en cas de récidive.

La réalisation d’un inventaire d'émissions de gaz à effet de serre peut être assez technique à mettre en place. Si personne n’a été formé à ces sujets, nous vous recommandons de faire appel à l’un de ces prestataires:

> Carbone 4 :

Cabinet de référence sur le sujet, Carbone 4 a été co-fondé par le créateur du bilan carbone Jean-Marc Jancovici. Les bilans carbones sont de très grandes qualités, mais plus onéreux que la moyenne du marché.

Laurent Morel, associé de Carbone 4, est également investisseur chez Beavr !

> Plan A :

Plateforme dédiée à la réalisation de bilan carbone, Plan A permet de collecter des données, de mesurer, reporter mais aussi de définir des objectifs de réduction afin de permettre une amélioration. Leur approche est basée sur des normes et des initiatives internationales, telles que le Science Based Target Initiatives.

> Entracte :

Cabinet de conseil, Entracte se distingue par son approche holistique et complète pour accompagner les entreprises dans leurs démarches RSE. Pour cela, Entracte a plus d’une corde à son arc elle peut réaliser :

  • des audits RSE
  • des bilans de Gaz à Effet de Serre
  • des reportings extra-financier
  • des formations et de la sensibilisation
  • des séminaires

Mais aussi participer à l’obtention de label et de certification.

Par ailleurs, vous pouvez bénéficier d’une aide de l’ADEME pour réaliser ce bilan carbone.

En effet, l’ADEME peut financer votre bilan carbone  jusqu’à hauteur de 80% et avec un plafond de 5000 €, si vous êtes une PME de moins de 250 salariés et dont le chiffre annuel ne dépasse pas 50 millions d’euros.

3. Pour aller plus loin, comprendre l'Analyse de Cycle de Vie (ACV) :

Selon l’ADEME, l'analyse du cycle de vie est l'outil le plus abouti en matière d’évaluation globale et multi-critères des impacts environnementaux. Cette méthode normalisée permet de mesurer les effets quantifiables de produits ou de services sur l’environnement.

Comme son nom l’indique, elle se concentre sur l’évaluation de l’ensemble du cycle de vie de l’extraction des ressources à l’élimination du produit ou service. L'ACV ne quantifie pas seulement les émissions de gaz à effet de serre mais aussi la consommation d'énergie, la consommation d'eau et d'autres impacts environnementaux. Elle permet d'identifier les étapes les plus problématiques et d'orienter les décisions vers des solutions plus durables.

4. Répondre au questionnaire du CDP

Fondée en 2000, le Carbon Disclosure Project est une organisation internationale à but non lucratif qui remplit la mission de système mondial de déclaration de performances environnementales des entreprises, des collectivités territoriales ou des autorités publiques.

Elle mesure les impacts climatiques, sur l’eau et sur les forêts. Les organisations peuvent librement divulguer leur stratégie environnementale et répondent aux questionnaires du CDP, en faisant notamment état de leurs émissions de gaz à effet de serre, de la mise en œuvre de mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de la sensibilisation de leurs collaborateurs aux risques climatiques.

Répondre au questionnaire du CDP vous apportera de la structure dans la façon dont vous appréhendez la gestion des émissions de GES de votre organisation et vous permettra également d'identifier d'éventuels manques ou axes de progression.

Social

1. Sensibiliser ses équipes aux enjeux de diversité, d’équité et d’inclusion (fresque)

Comme pour la sensibilisation pour les problématiques environnementales, l’objectif est non seulement de les former mais aussi de les rendre plus engagés sur ces sujets.

A nouveau, deux options s’offrent à vous :

  • Créer votre formation en interne. Sur les biais cognitifs dans les stéréotypes par exemple.
  • Suivre une formation externe comme :
  • Le MOOC “Intégrer durablement le handicap dans son entreprise” :cet e-learning découpé en 4 parties traite aussi bien des préjugés que l’on peut avoir sur le handicap, des obligations légales en matière de handicap, du recrutement et de l’intégration d’un travailleur handicapé, ou encore des façons d’accompagner un salarié faisant face à des difficultés de santé au travail.
  • Fresque de la diversité :cet atelier collaboratif permet de prendre conscience de la discrimination, et des biais cognitifs qui peuvent exister au sein d’une organisation,

Par ailleurs, il est possible également de créer votre propre formation en interne sur des sujets comme le rôle des biais cognitifs dans les stéréotypes.

‍2. Mettre en place un système d’enquête de satisfaction

Mettre en place un système d’enquête de satisfaction peut sembler un peu bateau et pourtant à de nombreux avantages.

En effet, selon une étude de l’organisation Gallup, les entreprises mesurant la satisfaction de leur salarié auraient en moyenne une productivité 21% plus importante par rapport à celles qui ne le font pas.

De plus, mettre en place une enquête de satisfaction permettrait un engagement plus important des employés, environ 18% plus élevé selon une étude réalisée par Aon Hewitt. Par ailleurs, en s’assurant de la satisfaction des employés, il y a inévitablement une rétention des talents plus importante et donc une réduction des coûts liée au recrutement. Enfin, la mise en place d’une enquête de satisfaction permettrait une réduction de l'absentéisme et une augmentation de la satisfaction client.

Voici quelques exemples de solutions qui peuvent faciliter les enquêtes de satisfaction au sein de votre entreprise :

Ethique

1. Cartographier les risques éthiques qui pèsent sur l’entreprise‍

La cartographie des risques éthiques a pour objectif de mettre en évidence les principaux risques éthiques auxquels une organisation est, ou peut être exposée.

Pour établir cette cartographie, l’organisation doit d’abord établir une liste des risques avérés ou potentiels, puis les évaluer selon deux axes :

  • l’impact potentiel sur l’organisation si le risque se concrétise
  • la probabilité que cela arrive

Voici ci-dessous une matrice dont vous pouvez vous inspirer pour mesurer l’intensité de vos enjeux RSE :

Matrice d'intensité des défis RSE, évaluant la probabilité et l'impact. La probabilité varie de rare à presque inévitable sur un axe, l'impact varie de mineur à majeur sur l'autre.
Matrice d'intensité des défis RSE, évaluant la probabilité et l'impact. La probabilité varie de rare à presque inévitable sur un axe, l'impact varie de mineur à majeur sur l'autre.

La cartographie permet une meilleure gestion des risques éthique, car elle synthétise et hiérarchise de manière claire les risques auxquels l’entreprise peut être confrontée. Elle permet ainsi à une organisation de mieux orienter sa stratégie en connaissance de cause de la réalité.

C'est également un outil de communication efficace, que ce soit en interne ou en externe, qui permet d'accroître la confiance des parties prenantes.

III - Formaliser sa démarche

Si passer à l’action est absolument prioritaire, il est également important de formaliser votre démarche et votre stratégie en matière de durabilité. Cela vous permettra de définir un cadre clair, de fixer des objectifs, et de mettre en place des processus qui vous permettront de vous assurer que votre entreprise progresse en continu sur ces sujets.

Voici ci-dessous trois choses que vous pouvez faire pour structurer votre démarche.

1. Rédiger vos politiques

Généralement définie comme l'ensemble des orientations choisies par une entreprise pour conduire ses affaires, une politique a pour but de mettre en avant les engagements et les principes d’une organisation relatifs à un sujet donné.

Une politique complète est constituée des éléments suivants :

  • le contexte de l’entreprise sur le sujet
  • les principes de l’organisation
  • les engagements qualitatifs et objectifs quantitatifs
  • les dispositifs mis en place pour atteindre ses objectifs
  • la gouvernance et les mécanismes de révision

Pour en savoir plus, nous vous proposons un guide sur la création d’ une politique environnementale. Bien que spécifiques, certains principes généraux peuvent s’appliquer à tout type de politique.

2. Choisir ses indicateurs et mettre en place du reporting

Pour être certain que l’on progresse, il est essentiel de mesurer. Des indicateurs doivent être déterminés pour cela.

Pour en savoir plus, nous avons écrit un guide sur ce sujet. A travers ce guide, nous vous proposons une sélection de 100 indicateurs pour vous aider à y voir plus clair.

3. Communiquer sans greenwashing

Selon l’ADEME, le greenwashing désigne “les allégations pouvant induire le public en erreur sur la qualité écologique réelle d’un produit ou d’un service ou sur la réalité de la démarche développement durable d’une organisation, quelles que soient ses modalités de diffusion”.

Chez Beavr, nous recommandons de :

  • communiquer sur des données chiffrées, concrètes et spécifiques
  • utiliser des données de qualité et vérifiées
  • miser sur la transparence
  • en cas de doute sur une donnée, patienter et analyser

Pour en savoir plus, voici un article dédié à ce sujet.

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