EcoVadis vs CSRD
La pression autour des enjeux RSE s’intensifie pour les entreprises, qu’il s’agisse des attentes réglementaires ou des exigences des parties prenantes.
Avec l’arrivée de la directive européenne CSRD, qui impose un cadre strict pour le reporting extra-financier, et la multiplication des évaluations volontaires comme EcoVadis, les organisations doivent jongler avec toutes ces demandes.
Comment répondre efficacement à ces deux démarches sans multiplier les efforts ? Cet article vous propose d’explorer les liens entre la CSRD et EcoVadis, en montrant comment harmoniser vos actions et optimiser votre stratégie RSE. Vous y retrouverez les points suivants :
- Comprendre la CSRD et EcoVadis : les finalités et exigences
- Identifier les points communs : double matérialité, documentation, et le PDCA
- Les étapes pour aligner vos travaux
- Nos conseils pratiques pour ne pas dupliquer vos efforts
Qu’est-ce que la directive européenne CSRD ?
La CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) est une directive européenne qui remplace et élargit la NFRD (Non-Financial Reporting Directive). Son objectif est d'améliorer la transparence et la qualité des informations sur la durabilité des entreprises.
Elle s’applique à plus de 50 000 entreprises, contre 11 700 auparavant, et impose un rapport beaucoup plus détaillé sur les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance.
Cette directive introduit une méthode de reporting avec des standards communs (ESRS), exige une analyse de double matérialité (impact de l’entreprise, risques et opportunité pour elle) et rend l’audit externe obligatoire. Et, les rapports doivent être fournis dans un format numérique standardisé, pour plus de transparence et de cohérence à l’échelle européenne.
Qu’est-ce qu’est l’évaluation EcoVadis ?
L’évaluation EcoVadis est une plateforme qui évalue les performances durables des entreprises sur les piliers : environnementaux, sociaux, éthiques et achats durables.
Elle permet aux entreprises de prouver leur engagement RSE, de renforcer la confiance grâce à des évaluations transparentes, et de se comparer à d'autres grâce à des standards communs.
EcoVadis est souvent utilisé pour répondre aux attentes des clients et des partenaires.
Ecovadis, CSRD, des finalités différentes
Ces deux cadres ont des finalités très différentes, même si elles traitent toutes deux de durabilité.
- EcoVadis est un outil volontaire d’évaluation RSE. Il aide les entreprises à identifier les risques dans leur chaîne d’approvisionnement et à démontrer leur engagement en matière de durabilité à leurs clients. Avec plus de 130 000 entreprises évaluées, c’est un véritable levier de compétitivité dans les relations B2B, grâce à une méthodologie privée et basée sur des preuves documentées.
- La CSRD, en revanche, est une directive européenne obligatoire qui impose à environ 50 000 entreprises de fournir des rapports détaillés sur leur durabilité. Elle suit une méthodologie publique et exige une assurance externe par un auditeur accrédité. Contrairement à EcoVadis, son but principal est de garantir la conformité réglementaire plutôt que de servir d’outil de différenciation.
Pour résumer, EcoVadis aide les entreprises à se démarquer dans le B2B, tandis que la directive européenne est un cadre obligatoire qui fixe les règles de transparence et de communication pour les entreprises en Europe.
Ecovadis, CSRD, beaucoup de similitudes
Même si leurs finalités diffèrent, ce sont deux outils qui aident les entreprises à intégrer la durabilité dans leur stratégie, en les incitant à mieux évaluer, structurer, documenter et communiquer leurs pratiques RSE.
Ce qu’on retrouve dans ces deux cadres :
- La double matérialité,
- Le PDCA,
- Le système de preuve avec de la documentation.
La double matérialité
Le principe de double matérialité consiste à évaluer deux aspects différents :
- L'impact de l'entreprise sur l'environnement et la société (matérialité "inside-out"), la matérialité d’impact.
- Les risques liés à la durabilité qui peuvent affecter l'entreprise financièrement (matérialité "outside-in"), la matérialité financière.
Le concept de double matérialité aide les entreprises à identifier et à prioriser leurs enjeux clés. Bien que la CSRD (avec les 12 ESRS) et les Key Sustainability Issues (KSI) d'EcoVadis ne soient pas identiques, ils couvrent des sujets très similaires.
ESRS : ce sont des normes européennes définissant des critères précis pour le reporting de durabilité. Elles couvrent des thèmes comme l'environnement, les droits humains, la gouvernance, et la lutte contre la corruption, pour assurer transparence et comparabilité en Europe.
Les KSI d'EcoVadis : ce sont des critères d'évaluation mesurant la performance RSE sur des thèmes similaires : environnement, social, éthique et achats responsables.
Pour définir vos enjeux de durabilité, vous pouvez utiliser les thèmes des ESRS ou les 21 KSI d’EcoVadis, car ils se chevauchent.
Ces deux cadres vous offrent une base solide pour identifier les sujets matériels et définir vos priorités.
Le PDCA
Le PDCA est une méthode utilisée pour permettre aux entreprises de mettre en place une démarche et le développer dans une volonté d'amélioration continue. Il est utilisé dans la CSRD, dans EcoVadis mais aussi d’autres standards comme certaines normes ISO.
Voici comment se décompose le PDCA :
- Plan, la définition d’engagements et d’objectifs quantifiés et datés à atteindre.
- Do, toutes les actions mises en place pour atteindre les objectifs fixés.
- Check, la mise en place d’un reporting pour mesurer vos résultats et définir si vos objectifs sont atteints.
- Act, l’actualisation de votre stratégie sur la base des résultats obtenus.
La documentation
Dans ces deux cadres, la documentation joue un rôle clé pour prouver que le système de management de la RSE est solide.
Dans EcoVadis, la documentation sert à justifier les pratiques RSE de l'entreprise pour son évaluation alors que pour la directive européenne, la documentation est une obligation légale pour prouver la conformité aux standards européens.
Certaines attentes sont similaires, voici ce qui sera communément demandé :
- Des politiques RSE structurée : les entreprises doivent présenter leurs politiques environnementales, sociales, éthiques et achats responsables.
- Des actions concrètes : des preuves d’initiatives mises en œuvre, ex : des programmes de formation, des plans d’action pour réduire l’impact environnemental, des audits de la chaîne d’approvisionnement.
- Des données quantitatives et indicateurs précis et traçables : mesures sur les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d'énergie, les accidents du travail, ou d'autres KPIs liés à la durabilité.
- Des rapports ou audits tiers : Les entreprises peuvent fournir des audits (par exemple, ISO 14001, SMETA) pour appuyer leur preuve et dans la CSRD, les rapports doivent être vérifiés par un auditeur accrédité pour garantir leur conformité réglementaire.
- La documentation de suivi : Les entreprises doivent démontrer qu’elles suivent régulièrement leurs objectifs et qu’elles ajustent leurs stratégies si nécessaire (logique du PDCA dans les deux cas).
Les 5 grandes étapes pour aligner ses travaux EcoVadis avec la CSRD
Bien qu’ayant des objectifs différents, ces cadres se complètent parfaitement. En exploitant les données et analyses de votre rapport CSRD, vous pouvez non seulement répondre aux exigences réglementaires, mais aussi renforcer la qualité de votre évaluation EcoVadis. Cette approche intégrée vous permet d’être plus efficace pour mieux valoriser vos pratiques de durabilité.
Voici nos 5 conseils pratiques pour utiliser votre rapport CSRD afin d'améliorer votre performance EcoVadis :
Identifier les enjeux communs
Comparez l'analyse de double matérialité (CSRD) avec les Key Sustainability Issues (KSIs) d'EcoVadis. Trouvez les thèmes qui se recoupent, comme l'environnement, les droits humains ou la gouvernance, pour éviter de travailler deux fois sur les mêmes sujets. Pour la CSRD, vous pouvez vous référer aux thèmes, sous thèmes ou sous-sous-thème.
Harmoniser les indicateurs
Adaptez vos indicateurs pour qu'ils répondent à la fois aux exigences de la CSRD et au reporting EcoVadis. Par exemple, EcoVadis vous demande de suivre vos émissions scope 1, 2 et 3, la CSRD aussi.
Définir ou mettre à jour les objectifs
Sur la base des enjeux identifiés et des dernières données disponibles, fixez des objectifs quantitatifs et datés (réduction de 25% émissions d’ici 2030, amélioration des conditions de travail, etc.) qui répondent aux attentes des deux frameworks.
Réviser vos politiques
Vérifiez les attentes de la CSRD sur la rédaction des politiques (ils sont notifiés dans les Disclosure Requirements (DR) et Data Points (DP) attendus) et formalisez bien la structure du document pour qu'elle puisse être exploitable lors de l'évaluation EcoVadis.
Adapter vos plans d’action et votre traçabilité
Définissez ou ajustez vos plans d’action pour répondre aux exigences des deux systèmes. Utilisez des documents formalisés pour prouver vos démarches. Beaucoup de documents de mesures d'EcoVadis peuvent être exploité pour répondre à des DR ou DP de CSRD sur les sujets similaires.
Nos conseils pour mieux répondre à EcoVadis grâce au rapport CSRD
Votre rapport CSRD est une mine d’or pour justifier et valoriser vos pratiques dans EcoVadis. En exploitant ces données et analyses, vous améliorez la cohérence de vos démarches et augmentez vos chances d’obtenir un bon score.
- Capitalisez sur les informations détaillées de la directive européenne, réutilisez ces informations pour répondre aux questions EcoVadis, notamment celles liées à vos objectifs, mesures d’impact et plans d’action.
- Justifiez avec des preuves solides, utilisez les données et les documents de la CSRD pour justifier les réponses dans EcoVadis. Par exemple, des indicateurs environnementaux (émissions de CO₂, gestion des déchets) peuvent étayer vos déclarations.
- Mettez en avant votre matrice de matérialité, EcoVadis valorise l’existence d’une matrice de matérialité dans le cadre de son évaluation. L’analyse de double matérialité requise par la CSRD peut directement répondre à cette exigence et améliorer votre score.
- Appuyez-vous sur l’assurance externe de la CSRD, un facteur clé du score EcoVadis est la validation externe (audits, certifications). La vérification de votre rapport CSRD par un organisme tiers indépendant (OTI) est un atout majeur qui peut répondre à cette exigence.
- Gagnez en cohérence et en efficacité, en alignant les deux démarches, vous évitez de multiplier les efforts tout en renforçant la crédibilité et la qualité de vos réponses dans EcoVadis.
Conclusion
Avec l’entrée en vigueur de la CSRD et la montée en puissance des évaluations comme EcoVadis, les entreprises doivent désormais jongler entre des exigences réglementaires et des attentes de leurs parties prenantes.
Bien que leurs objectifs soient différents – la CSRD vise la conformité légale et la transparence, tandis qu’EcoVadis valorise la performance RSE pour la compétitivité – ces deux cadres partagent des points communs.
Aligner vos efforts entre ces deux démarches peut non seulement simplifier votre travail, mais aussi renforcer votre stratégie globale de durabilité. Voici 5 étapes clés pour tirer parti de vos actions EcoVadis et répondre efficacement aux obligations de la CSRD.