Cette semaine, dans le monde de la RSE, l'actualité est riche en initiatives et en défis à relever.
Découvrez les dernières tendances et les enjeux du moment, de l'inclusion des personnes LGBT+ aux avancées vers une économie régénérative, en passant par les défis de sécurité au travail et les nouvelles orientations des grandes entreprises européennes.
Bonne lecture !
L’inclusion des personnes LGBT+, un enjeu sous-évalué de la RSE
Dans le dernier baromètre RSE 2024 publié par Vendredi, on note que 16% seulement des entreprises forment et sensibilisent leurs équipes aux questions d’identité de genre et d’orientation sexuelle. Or, l’enjeu est important considérant que 3 personnes LGBT sur 10 affirment avoir fait l’objet de violence ou de discrimination au travail en raison de leur identité.
Alors qu’elles se sentent de plus en plus visibles et intégrées dans leurs environnements professionnels (6 personnes LGBT sur 10), une étude menée par l’Autre cercle révèle les difficultés plus importantes rencontrées par les personnes trans ou non-binaires.
À ce titre, des process peuvent être mis en place par les entreprises pour favoriser leur reconnaissance et leur inclusion. En effet, les routines administratives peuvent par exemple manquer de reconnaitre leur identité comme telle.
Prévention des accidents professionnels : le retard des entreprises françaises
D’après les données CNAM et MSA 2021 reprises par le gouvernement, 2 personnes meurent chaque jour au travail en France, et plus de 100 sont blessées gravement. De plus, 600.000 personnes chaque année sont reconnues victimes d’accident ou de maladie d’origine professionnelle. Des chiffres qui alertent sur une situation où la France accuse un retard important en Europe.
Fin avril, le Ministère du travail se voyait adresser une lettre ouverte par des syndicats : “Nous ne pouvons pas nous satisfaire de la sinistralité actuelle en matière d’accidents du travail et de maladies professionnelles en France.”
En cause, un management de la “hâte”, qui priorise des échéances court-terme, un morcellement de tâches superposées sur plusieurs projets en même temps etc. Selon la Dares, seules “8% des entreprises françaises incluent l’organisation du travail dans leurs politiques de prévention”.
CAC40 : les patrons ont gagné 130 fois plus que leurs salariés
Selon un récent rapport d’Oxfam, en 2022 les dirigeants du CAC 40 ont gagné en moyenne 130 fois plus que le salaire moyen des salariés de leurs entreprises. L’ONG dénonce une situation où, en dépit des augmentations constantes de la richesse produite, la répartition et “la redistribution des richesses est inéquitable".
L’écart de richesses se creuse entre les dirigeants et leurs salariés : les chiffres actuels montrent une augmentation de 17% par rapport à 2019. En outre, en 1979 ils ne gagnaient “que” 40 fois la valeur du SMIC. La valeur moyenne de la rémunération d’un dirigeant du CAC 40 en 2022 était de 6.66 millions d’euros.
Oxfam milite pour l’instauration d’un “salaire décent” d’une part, et d’autre part pour un changement de logique : substituer la performance financière au profit de la performance climatique dans le conditionnement de la rémunération des dirigeants.
Indexer les rémunérations patronales aux performances climatiques : un échec
L’organisation As you Sow a publié son deuxième rapport intitulé “Pay for climate performance” qui examine une pratique nouvelle qui fait parler d’elle, mais demeure toutefois marginale. Elle consiste à indexer la rémunération des PDG et dirigeants sur les performances extra-financières de l’entreprise, en particulier les objectifs climatiques.
L’organisation s’est concentrée sur les 100 plus grandes capitalisations boursières aux US, qui représentent à elles-seules la somme de 28.000 milliards de dollars. On peut en tirer deux données révélatrices de la situation :
Plus d’un tiers des entreprises n’ont aucun plan d’incitation lié à la rémunération des dirigeants
20 entreprises seulement sont dotées d’un dispositif d’ “incitation climatique mesurable”
Ainsi, non-mesurable ou non-alignée à l’objectif des 1.5 °C, la démarche semble inefficace dans la grande majorité des cas.
Une start-up française prend de l’avance avec son mini-réacteur nucléaire
La start-up française Jimmy a déposé une demande d’autorisation auprès de la mission de sûreté nucléaire et de radioprotection. Un service du Ministère de la transition écologique dont la mission sera ensuite de transmettre le dossier à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
D’une puissance thermique de 10 mégawatts, ces mini-réacteurs auraient vocation à fournir de l’énergie décarbonée à un site industriel tout entier. Une démarche qui s’inscrit dans l’ambition française d’une industrie verte, tel que le prévoit la loi promulguée en octobre 2023.
Deux éléments caractérisent ces mini-réacteurs : l’usage de la technologie bien connue des réacteurs à haute température (HTR) et le recours à un combustible Triso, “réputé très sûr et tolérant aux accidents”. L’État a subventionné le projet à hauteur de 32 millions d’€. La start-up a par ailleurs levé plus de 17 millions d’€ en 2022.
Qu’est-ce que “l’économie régénérative” ?
Alors que toute entreprise économique implique la nécessaire extraction et la consommations de ressources naturelles, certaines d’entre-elles revendiquent le passage à une “économie régénérative”. On peut la définir ainsi : “restaurer, renouveler et régénérer les ressources naturelles plutôt que de les épuiser”.
La logique sous-jacente consiste à dire que la limitation des externalités négatives ne suffit plus comme seule méthode de réduction de l’impact des entreprises. A cette approche, il faut donc ajouter l’ambition de produire un impact positif dit “régénératif” sur les écosystèmes.
Plus encore, il s’agit pour les entreprises de considérer leur pleine appartenance aux écosystèmes, au sein desquels elles sont intégrées de concert avec “les milieux naturels et les communautés humaines”.
Baisse de la publicité RSE
D’après le baromètre de la publicité RSE entretenu par Kantar Media, on observe une baisse de 20% entre janvier et février. En effet, leurs résultats révèlent le passage d’un investissement de 254 millions d’euros (janvier) à 209 millions (février) de la part des marques et entreprises.
Ainsi, l’investissement financier dans la communication RSE “représente désormais 9,4% du marché publicitaire plurimédia”. En dépit de la baisse constatée sur le média télévisé, il demeure le plus gros poste de dépenses en publicité RSE accumulant près de 12% des investissements. La presse écrite affiche une évolution remarquable de +52%, ce qui porte à 11% le poids de ce média en la matière.
Alors que se multiplient les constats que la RSE est un moteur de développement pour les entreprises, l’importance publicitaire et marketing qui lui est accordée pose la question d’un certain opportunisme commercial. Autrement dit, cela met en perspective les réflexions autour du greenwashing.
Fin des centrales à charbon pour les pays du G7
Cette semaine, les pays du G7 réunis à Turin ont annoncé l’échéance de 2035 pour mettre un terme à la production d’énergie issue des centrales à charbon. Un premier pas historique dans la droite lignée des engagements pris à l’occasion de la COP28. Démarche d’autant plus importante que le charbon est l’énergie la plus émettrice en Co2.
Arnaud Gilles, chargé de plaidoyer climat-énergie au WWF France, affirme que le fait de convenir d’une date est un signal fort adressé aux pays du G20 “qui attendaient des pays les plus riches qu’ils fassent le premier pas”.
En termes de politiques publiques, l’enjeu est d’amener les pays du monde entier à adopter une feuille de route pour planifier une sortie globale du recours au charbon.
Le marché unique européen stimule l’innovation verte
La Banque européenne d’investissement (BEI) et l’Office européen des brevets (OEB) publient une étude, qui révèle le rôle clef que joue le marché unique européen dans le fort dynamisme en matière d’innovations et de technologies propres.
La BEI et l’OEB font valoir deux facteurs clefs du rôle stimulant du marché unique : l’intégration économique d’une part, et la facilitation des échanges et investissements de l’autre. De plus, la France et l’Allemagne se révèlent des partenaires commerciaux structurants en la matière. Entre 2016 et 2021 on repère à ce titre une “hausse notable de 33% du nombre de nouvelles inventions dans le domaine des technologies propres”.
Toutefois, les PME font valoir leurs difficultés en termes de financements : 30% d’entre-elles “considèrent le manque de financement” comme un frein à la mise en marché de leurs innovations.
Qu’est-ce qu’un vêtement éco-responsable ?
Selon l’ADEME, l’industrie de la mode et du textile se place parmi les plus polluantes au monde, et représente 8% des émissions annuelles mondiales de GES (soit 4 milliards de tonnes de CO2). De plus, les consommateurs achètent “40% de vêtements en plus qu’il y a 15 ans mais les conservent 2 fois moins longtemps”. L’Info Durable propose 3 critères auxquels se référer pour s’assurer de consommer un textile durable.
La matière : Le coton est très consommateur d’eau et dangereux pour la biodiversité considérant l’utilisation intensive de pesticides dans sa culture. Il faut lui préférer des fibres naturelles biologiques.
Le lieu de fabrication : Plus ils viennent de loin, plus il est difficile de savoir dans quelles conditions ils sont fabriqués. Sans compter la pollution générée par la délocalisation.
Les labels : L’ADEME recommande 8 labels : Fairtrade, Ecolabel, Bluesign, Global Organic Textile Standard (GOTS), Ecocert textile, BioRé, Oeko-Tex et Demeter.
Les sources :
Novethic “Rémunération des PDG sur des objectifs climatiques, une pratique encore largement inefficace”
RSE Magazine “Le marché unique européen, un catalyseur du développement des technologies propres“
Youmatter “Comment améliorer l’inclusion des personnes LGBT+ au travail ?”
Le Monde “Les pays du G7 s’engagent à fermer leurs centrales à charbon avant 2035"
Novethic ”Maladies et accidents professionnels : la négligence des entreprises françaises”
L’info Durable “Les dirigeants du CAC 40 ont gagné en moyenne 130 fois plus que leurs salariés en 2022, selon Oxfam”
The Media Leader “Baromètre de la publicité RSE de Kantar Media : une baisse de près de 20% entre janvier et février”
Les Echos “La start-up Jimmy prête à construire son mini-réacteur“
L’info Durable : “Les critères qui assurent l'écoresponsabilité d'un vêtement”
Les Echos Entrepreneurs “Économie régénérative, ce nouveau concept de la RSE“