Actualités RSE du 28/10/2024

Charles Lorin
November 4, 2024

Chaque semaine, retrouvez un aperçu des grands enjeux sociaux, économiques et écologiques de notre époque. 

Du sentiment de discrimination à l'embauche en France, au questionnement sur l'impact carbone des ultra-riches, en passant par les défis de l'adaptation climatique, cet article explore les grands sujets d’actualités de la RSE. Alors que la pression climatique et sociale augmente, qui saura relever le défi de transformer les promesses en actions concrètes ? 

Retrouvez toutes les actualités RSE dans cet article.

La moitié des salariés craignent une discrimination à l’embauche

Le Medef a publié un Baromètre national 2024 RSE & égalité des chances, interrogeant 1 800 salariés français. Parmi eux, 48% déclarent craindre de subir de la discrimination à l’embauche. Un chiffre en légère baisse par rapport à l’année dernière. La première source de préoccupation en la matière étant l’âge (Jusqu’à 81% chez les 55-64 ans).

De plus, cette étude montre qu’il existe un écart important sur certains sujets de RSE entre les salariés et leur entreprise. Trois sujets en particulier sont concernés par ce “hiatus” : l’égalité des chances, l’environnement et l’emploi des plus de 50 ans.

Cela tend à générer un “sentiment de décalage” entre les employés et les valeurs affichées par l’entreprise, dont ils accréditent de moins en moins l’authenticité à en croire les études menées sur le sujet ces derniers mois.

“Ringardiser la performance” au profit de la robustesse ?

Le chercheur en économie des ressourcess de l’ENS de Lyon qu’est Olivier Hamant donne un entretien à Novethic dans lequel il développe son idée de la robustesse, principe qui devrait supplanter celui de la performance dans la gouvernance des entreprises.

Il avance que les instabilités écologiques, géopolitiques et économiques du monde fragilisent considérablement les modèles d’affaires exclusivement organisés autour de l’impératif de performance financière.

En réponse à ce modèle, il plaide la robustesse : “la capacité à maintenir le système stable et viable malgré les fluctuations”. La question est donc posée : qui prendra le coche de la longévité et de la durabilité de son modèle d’affaires au détriment de l’optimisation de ses rendements ? Une telle évolution nécessite de repenser le système économique dans son ensemble. Car si nous ne le faisons pas aujourd’hui, les aléas économiques et climatiques risquent bien de nous y contraindre dans l’avenir.

Quel impact ESG côté influenceurs ?

Les influenceurs et créateurs de contenus en ligne et sur les réseaux sociaux sont bien souvent de véritables marques à eux seuls. Avec un fonctionnement fondamentalement entrepreneurial, leur modèle économique repose essentiellement sur des partenariats commerciaux.

Le collectif Paye ton influence travaille sur la question de l’impact ESG de ces usages commerciaux, dénonçant des pratiques “opaques” et des “incitations à la surconsommation”. Ces considérations reposent sur le constat de pratiques marketing analogues à celles de la publicité, nécessitant alors la même vigilance et le même encadrement de la part des pouvoirs publics.

Ainsi, le collectif entend, en collaboration avec l’Ademe, publier un guide de l’influence responsable à destination des influenceurs afin d’encadrer des modèles d’affaires qui incitent bien souvent à des modes de vie en décalage avec l’urgence climatique.

Retour à l’emploi après une maladie longue, quels défis pour l’entreprise ?

D’après les études de l’Institut National du Cancer, l’incidence d’une maladie longue génère d’importantes inégalités professionnelles. A ce titre, l’enjeu du retour à l’emploi de ces collaborateurs est un véritable défi d’inclusion à relever pour l’entreprise.

Le mauvais encadrement du retour à l’emploi est susceptible de favoriser une fragilisation du moral des équipes ainsi que des ruptures de contrat. Pour faire face à ce risque, CareGiver Conseil propose une liste d’objectifs à remplir par les directions :

  • Identifier les interlocuteurs-clés pour mieux accompagner
  • Communiquer de manière adaptée et transparente
  • Maintenir le lien avec l’absent pour un retour en douceur
  • Aménager le poste et les horaires

Inégalités carbone : les milliardaires émettent 7 700 tonnes par an

Le dernier rapport d’Oxfam, publié en amont de la COP29 de novembre, s’intéresse aux inégalités carbone. En particulier, il souligne l’écart colossal entre les émissions de GES des 50 plus grandes fortunes de la planète et celles des plus pauvres.

En moyenne, un milliardaire émet 7 700 t de Co2 par an, tandis que les individus parmi les 50% les plus pauvres au monde n’émettent qu’1 t chaque année.

Par ailleurs, il est possible de considérer l’empreinte carbone des investissements financiers de ces milliardaires, dont 40% sont à destination d’industries carbo-intensives. En 2022, l’impact des investissements des milliardaires français était de 2,4 millions de tonnes de Co2.

Ainsi, il apparait que les inégalités socio-économiques recouvrent bien souvent des inégalités écologiques.

Baisse des émissions : 2.6% au lieu des 43% requis

A deux semaines de la COP29, l’ONU Climat a publié un rapport d’après lequel les engagements climatiques pris par les États ne conduiraient actuellement qu’à une réduction de 2.6% des émissions de GES pour 2030, contrairement aux 43% prescrits pour limier le réchauffement à 1.5 degré.

Ces chiffres sont le fruit du regroupement des données liées aux engagements de réduction des émissions des 195 pays signataires de l'Accord de Paris. Ils marquent ainsi “l’absence de progrès significatifs” des États depuis un an.

L’ONU Climat appelle, une fois encore, à faire de ce rapport un “tournant” pour véritablement accélérer l’impact des politiques écologiques sur le climat : "Nous avons besoin d'une mobilisation mondiale d'une ampleur et d'un rythme jamais vus auparavant, et ce dès maintenant, ou l'objectif de 1,5°C sera bientôt mort" Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE.

Les cabinets de consulting s’adaptent à la quête de sens des jeunes diplômés

Le premier secteur de recrutement pour les jeunes diplômés des grandes écoles est celui du conseil. Or, de plus en plus de nouveaux arrivants sur le marché du travail font valoir leur besoin d’un métier de sens, dont l’impact serait positif sur la société et sur l’environnement.

Sous l’impulsion des réglementations et des exigences des consommateurs dont le niveau d’exigence ne cesse de croître, ces cabinets se sont dotés de services spécialisés dans les questions de RSE et de développement durable. Une situation idéale pour de jeunes diplômés en quête de sens.

Par exemple, chez EY un associé affirme que deux tiers de son équipe a moins de 30 ans, et qu’il constate la “forte attractivité pour ces métiers de la part des jeunes”. En somme, cette situation offre à certains l’opportunité de concilier le monde du conseil et un impact positif.

S’adapter à un monde à +4 °C, vraiment ?

Le gouvernement a présenté vendredi dernier son Plan national d’adaptation au changement climatique (Pnacc), lequel entend constituer une stratégie d’adaptation au changement climatique. Elle s’attache à anticiper les prévisions du GIEC qui, compte tenu de l’attitude des États dans le monde, prévoient une augmentation de 4 °C de la température moyenne pour 2100.

Cette série de 51 propositions est vivement critiquée par les ONG et les associations écologiques et de défense environnementale. Elles y voient globalement un document composé de “trop d’incitations et trop peu de moyens”. On y trouve toutefois une mesure qui rendrait obligatoire la publication d’études de vulnérabilité pour les entreprises, présageant une éventuelle “obligation de suivi”.

Plusieurs personnalités politiques se sont aussi montrées sceptiques quant à la teneur même de ce Plan, arguant l’impossibilité de “s’adapter à un monde à +4 °C”.

Tensions sur les crédits biodiversité à la COP16

La COP16 biodiversité actuellement en cours à Cali a accueilli le vif débat de la fiabilité supposée des crédits biodiversité. En effet, cet outil financier est largement critiqué par nombre d’experts et d’associations qui voudraient éviter que ne recommencent les abus liés aux crédits carbone.

En effet, la plupart des évaluations de suivi et enquêtes réalisées sur l’impact des crédits carbone ont montré leur inefficacité à diminuer les émissions d’une part, et la tendance à impacter négativement les populations locales de l’autre.

Toutefois, un comité consultatif international a été lancé, l’International Advisory Panel on Biodiversity Credits (IAPB), et a rendu un rapport visant à garantir la bonne utilisation et la crédibilité de ce dispositif pourtant très contesté. En effet, près de 240 organisations de la société civile ont signé un texte prévenant des dangers de dérives et d’abus liés aux crédits biodiversité, en particulier le greenwashing.

Violentes inondations à Valence

L’Espagne est touchée par de violentes inondations dans l’Est du pays près de Valence. L’effet dévastateur de ces soudaines pluies torrentielles aurait, d’après les chiffres communiqués par les services de secours, conduit au moins 95 personnes à la mort.

La violence de cet événement climatique extrême tient au phénomène, bien connu des météorologues, de la « gota fria » (« goutte froide »). Cette “dépression isolée en haute altitude” est généralement à l’origine de pluies d’une grande intensité sur un temps assez long.

Des images impressionnantes montrent des monticules de voitures et des quartiers dévastés. Un rappel de la double importance de prendre au sérieux les enjeux d’atténuation d’une part, mais aussi d’adaptation, aux effets des événements climatiques extrêmes.

Les sources

Youmatter “La moitié des salariés français craint d’être victime de discrimination”

Novethic “Les entreprises ultra performantes, pyramidales, optimisées arrivent à une impasse”, Olivier Hamant, chercheur à l’ENS de Lyon”

Carenews “Paye ton influence veut changer les codes des réseaux sociaux”

RSE Magazine “Maladie : un Serious Game pour sensibiliser lors du retour au travail ?”

Novethic “Les milliardaires et leur budget carbone : les chiffres fous du rapport d’Oxfam”

L’info durable “Les engagements actuels mènent à 2,6% de baisse d'émissions en 2030 au lieu des 43% visés”

Les Echos “Les jeunes diplômés qui ont choisi le conseil en transition se sentent-ils utiles ?”

Carenews “Le plan national d’adaptation au changement climatique manque « d’objectifs chiffrés, de pilote et de moyens », selon les ONG”

Le Monde “A la COP 16 de Cali, les « crédits biodiversité », outil financier controversé en discussion”

Reporterre “En Espagne, au moins 51 morts dans de violentes inondations”