Dans les actualités RSE de la semaine du 16 au 20 septembre, les entreprises françaises se démarquent sur les sujets RSE, en faisant de cette démarche un levier stratégique.
Selon plusieurs études récentes, les citoyens expriment une attente croissante vis-à-vis de l'engagement des entreprises, tandis que des initiatives comme la Nef et l'essor de l'intelligence artificielle ouvrent de nouvelles perspectives.
Cependant, des défis restent à relever, comme la prise en compte de la biodiversité et le maintien de l'intérêt des dirigeants pour la durabilité dans un contexte économique incertain.
Retrouvez toutes les actualités RSE dans cet article.
Les entreprises françaises en avance en matière de RSE
Les entreprises françaises font figure de bons élèves concernant la maturité de leurs démarches RSE. L’étude d’Accenture réalisée en marge du Forum de Giverny, intitulée “ESG : transformer la conformité en avantage stratégique”, a consulté 730 directeurs financiers dont 72 français.
Plus précisément, cette enquête questionne le niveau de maturité des entreprises à prendre en compte les réglementations RSE comme des avantages stratégiques dans leurs politiques de durabilité.
Ainsi, 97% des directeurs financiers des entreprises françaises interrogées affirment que la RSE figurera “au cœur de leurs préoccupations” dans les 5 années à venir (contre 90% dans le monde).
Enfin, l’étude affirme que 97% des entreprises françaises connaissent un “niveau modéré” de préparation pour “dépasser la simple conformité et créer un avantage concurrentiel”, contre 73% dans le monde, soit 24% de moins.
Les citoyens attendent un fort engagement RSE de la part des entreprises
Le Forum de Giverny a commandé une étude Ifop qui s’intéresse aux attentes des Français en matière de RSE. Menée sur un échantillon de 1000 personnes, il en ressort prioritairement que 77% des interrogés se déclarent favorables à ce que les entreprises soient encouragées à financer des projets durables en dehors de leur seul domaine d’activité.
De plus, près de 90% considèrent “déterminant ou important” que les élus du CSE soient formés aux questions environnementales. Un chiffre qui renseigne sur l’importance des enjeux de gouvernance et de démocratie en entreprise vis-à-vis de la RSE.
L’étude révèle enfin que, en plus des entreprises, les interrogés reconnaissent le rôle essentiel que doit jouer le politique dans l’élaboration et l’implémentation de trajectoires réalistes de durabilité.
La Nef, une banque éthique pour transformer la finance ?
La Nef est une coopérative de finance solidaire qui existe depuis 36 ans. Pourtant, depuis quelques jours à peine, elle a réussi à s’extirper du giron du Crédit coopératif sur décision conjointe de la BCE et de l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution). Elle devient ainsi une banque de plein exercice, au même titre que les grandes institutions bancaires nationales.
À l’échelle de son histoire, le bilan de la Nef dépasse le milliard d’euros et réunit désormais plus de 87 000 clients. Cet établissement a toujours revendiqué les valeurs de la transparence, ainsi que le financement de projets écologiques et durables.
Désormais, cette banque va pouvoir élargir son offre de services et assurer les prestations traditionnelles des plus grands établissements bancaires européens.
IA et RSE : risque ou opportunité ?
L’avènement des IA génératives et les promesses des progrès qu’elles réaliseront rapidement avec le temps posent de réelles questions concernant les gains potentiels de productivité dans l’entreprise.
Par exemple, la modélisation climatique ou l’innovation dans les énergies renouvelables profitent à plein des opportunités techniques offertes par les IA. Mais aussi dans les secteurs de la santé. Bref, elles semblent pouvoir être mises au service du développement durable.
Toutefois, alors que la valeur boursière du secteur de l’IA pourrait atteindre 1300 milliards de dollars en 2032, un recours massif aux solutions d’IA pose de sérieuses questions éthiques. “Notamment en matière de sécurité des données, de respect de la vie privée, ou encore de transparence.” Sans parler des risques liés à un usage malveillant de l’IA, susceptible de porter atteinte à la dignité des personnes qui pourraient en être la cible.
Portail RSE : un service public pour faciliter le reporting
Le gouvernement français a lancé il y a deux ans déjà la programmation d’un service numérique d’accompagnement des entreprises dans la réalisation de leurs démarches RSE. Plus encore, il se présente comme un véritable auxiliaire de travail à cette fin.
Il permet en quelques secondes de :
- Identifier toutes les réglementations qui concernent son entreprise
- Accéder à une interface de pilotage et de suivi de ses démarches de mise en conformité
- Consulter des fiches et mémo sur la RSE et les enjeux qui l’entourent, notamment en matière de réglementations (CSRD, CSDDD...)
À terme, cette plateforme en ligne porte l’ambition d’offrir aux entreprises un “espace unique gratuit pour renseigner leurs indicateurs ESG et piloter leurs obligations extra-financières.”
Modèles de gouvernance du SBF120 : montée en puissance de la RSE
Le récent Baromètre IFA-Ethics & Boards 2024 révèle un chiffre simple : 86% des sociétés du SBF120 sont dotées d’un comité dédié aux questions de RSE. En comparaison, dans la zone euro ce chiffre est en moyenne de 63%. La France jouit donc ici d’une belle avance sur ses voisins européens.
Les conseils d’administration renouvellent donc leurs modèles de gouvernance au profit d’une meilleure prise en compte des enjeux de durabilité. D’ailleurs, entre 2021 et 2023, un conseil du CAC40 sur deux a organisé une formation aux enjeux RSE/ESG.
Enfin, la question du partage de la valeur connaît également un énorme gain d’intérêt, puisque 82.5% des boites du CAC40 communiquent à ce sujet. En 2019, elles n’étaient que 55% à le faire.
La biodiversité encore sous-considérée dans l’entreprise
Une étude menée entre 2022 et 2024 par la World Benchmarking Alliance s’intéresse aux façons dont les entreprises prennent en compte les enjeux liés à la biodiversité dans leurs modèles d’affaires. Plus précisément, elle montre que les entreprises ne comprennent pas l’ampleur de leur dépendance à la biodiversité.
“Ainsi seules 5% des entreprises analysées évaluent leur impact et moins de 1% ont procédé à une évaluation de leur dépendance à l’égard de la nature”
Par exemple, la raréfaction de l’eau nécessite une réelle prise de conscience de leur part et la mise en place de politiques internes de préservation de cette ressource.
L’étude conclut que les grandes entreprises envisagent la nature comme un acquis, un élément à leur disposition, sans considérer “qu’une planète saine est à la base d’une économie saine”.
Indonésie : désastre écologique annoncé par un projet de déforestation
L’île indonésienne de la Papouasie s’apprête à subir une déforestation colossale, sur une surface de 112 fois la ville de Washington ! Alors même que de nombreuses forêts tropicales préservées s’y trouvent encore, ce projet pourrait faire disparaître une faune et une flore d’une très grande richesse.
Le péril que cette déforestation fait peser sur la biodiversité papoue tient à l’ambition du gouvernement et d’industriels d’installer des plantations de riz et de canne à sucre. Ils justifient leur démarche en affirmant que cela servira la production de bioéthanol pour sortir des énergies fossiles.
Plus de 2 000 pelleteuses sont actuellement déployées sur l’île et prêtes à l’emploi. Une menace qui pèse aussi sur les populations autochtones, qui vivent dans ce 3e poumon vert du monde qui a perdu “25% de ses forêts riches en biodiversité depuis 1990".
La RSE intéresse de moins en moins les dirigeants…
Un récent baromètre mis en ligne par le cabinet Bain & Company fait état d’une véritable baisse d’intérêt de la RSE et des questions de durabilité chez les dirigeants d’entreprises. Ils observent une diminution de 30% des préoccupations écologiques et sociales chez les patrons.
L’étude explique que cette tendance est le fruit d’inquiétudes croissantes pour d’autres enjeux : l’inflation, les instabilités géopolitiques ou encore l’avènement de l’IA. Ils parlent d’un moment de “creux de la désillusion” que traverse la RSE, où les dirigeants réalisent que la transition nécessitera beaucoup de temps, d’investissements et d’efforts.
Alors que le bien-fondé des réglementations RSE européennes est remis en question ces derniers temps, nous pouvons craindre l’apparition de dynamiques de relégations au second plan des enjeux de durabilité dans l’entreprise.
Comment assurer une communication responsable ?
Mener des campagnes de communication et de marketing dans le respect des principes de la RSE peut parfois se révéler difficile. En effet, la santé économique de l’entreprise dépend parfois de la promotion de pratiques entrepreneuriales qui ont un impact négatif sur l’environnement.
Une communication responsable repose sur 4 piliers, pensés par l’Ademe :
- “Responsabilité du message” : ne pas se laisser aller au greenwashing et aux publicités trompeuses
- Qualité du support : mesurer le ratio efficacité/impact environnemental de la diffusion d’un message
- Dialogue et écoute : intégrer et écouter les parties prenantes
- Éthique des affaires : ”Rechercher l’efficacité maximale pour optimiser les ressources”
Les sources
Carenews “La maturité des entreprises en matière d’ESG est relativement forte”
RSE Magazine “RSE : les Français attendent des engagements forts des entreprises”
L’Humanité “C’est quoi la Nef, la banque éthique qui débarque pour révolutionner la finance ?”
L’info durable “Intelligence artificielle : entre opportunités et risques ESG”
Novethic “CSRD : le Portail RSE affine ses outils pour accompagner les entreprises”
RSE Magazine “RSE : 8 entreprises du SBF120 sur 10 ont un comité dédié”
Youmatter “Moins de 1% des entreprises comprennent leur dépendance à la biodiversité”
Novethic “En Indonésie, un projet de déforestation grand comme 112 fois la ville de Washington”
Novethic “Face à la crise économique et politique, la RSE passe au second plan pour les dirigeants”
Carenews “Communication responsable : pourquoi il faut s'y mettre”